[Economie] L'internalisation
par pgg.au à 17:42Bonjour,
L'objet de ce blog est d'amener des lecteurs à réfléchir sur le fonctionnement idéal de notre Terre. J'aimerais donc revenir sur un thème important: l'internalisation des externalités. Nous estimons que cette théorie est "libérale" dans le sens où elle repose sur des économies de marchés, mais pas "ultra-libérale" dans le sens où les états ont un rôle à jouer. Vincent avait un très bon lien vers un site qui explique l'internalisation, vous pourrez prochainement y accéder en cliquant sur le titre dès que Vincent l'aura associé.
Prenons un exemple: on peut dire "on aura toujours besoin des voitures, et même si ça pollue, ça permet à la société de fonctionner: pourquoi moi je devrais m'en séparer ?". Oui, mais au-delà des usages strictement nécessaires, la voiture individuelle ne se justifie pas toujours par rapport à la pollution qu'elle génère, et c'est une chose que les personnes non sensibilisées à l'environnement ne comprennent pas.
Imaginons qu'il y ait une unité de mesure qui permette de dire objectivement, au nom de la société, si pour un usage donné il faut utiliser votre voiture ou un transport en commun. Par exemple, une mesure qui permette de dire: "dans tel cas tu vas être obligé d'utiliser un transport en commun, parce que si tout le monde utilise une voiture pour porter son courrier, la société va crever".
Imaginons que cette unité de mesure, ce serait l'argent. Exemple de réification: "Pour faire un travail qui produit 10€ de richessees par heure, mais pour lequel il faut faire 300km en voiture, le monde ferait mieux de se passer de ton travail".
L'idéal serait de tout rapporter à une échelle commune, au hasard: l'euro. Mais pour cela, il faudrait que le prix des 300km intègre "les externalités", c'est à dire qu'en plus de payer le coût de production du pétrole et le coût de sa rareté, on paierait le coût pour la société de la pollution.
Intégrer dans le prix de l'essence le coût de la pollution, cela exige de pouvoir le mesurer. On peut mesurer ainsi: l'Ozone est responsable de XX cancers par an, on va internaliser leur coût dans le litre d'essence.
Ou bien, de savoir ce qu'on veut: Si on estime qu'il est amoral de dégager du CO2 maintenant parce qu'on précipite le réchauffement planétaire, on peut donc internaliser un "coût arbitraire" dans le prix de l'essence. Si on estime que ça ne nous pose aucun problème, on peut ne rien internaliser du tout.
Dans tous les cas cela permettra de voir quelle est la rentabilité d'utiliser la voiture par rapport à d'autres transports: l'avion, le train, le car, le bus, le bateau... Si, sur 6 heures de transport, la voiture nous fait gagner une heure et perdre 50€ de plus par rapport au train, cela permet de se poser la question "Est-ce qu'une heure gagnée vaut le coup ?". Et ainsi, la plus rationnelle et égoiste des personnes sera incitée à utiliser le train.
Exemple d'externalités que l'on pourrait penser à intégrer dans le prix de l'essence ET dans le prix du billet de train, afin de pouvoir les comparer au mieux:
Niveau 1 - Les coûts réels:
-Le coût de la pollution au CO2, à l'origine du réchauffement planétaire et toutes ses conséquences (modification de l'équilibre biologique des espèces, extinction des espèces ?)
-Les coûts locaux de la pollution: les cancers, le ravalement des facades ;-)
-Le coût des routes et autoroutes construites pour la voiture, et celui des chemins de fer construits pour le train (ben oui, mais si on divise l'espace par le nombre d'usagers on arrive à de sérieuses différences) et qui ont été subventionnés par l'état et les villes.
-Le coût des accidents (mais il est déjà internalisé dans le prix des assurrances) et de la police de la route (pourquoi le citoyen sans voiture devrait payer la police de la route ?)
Niveau 2 - Les coûts éthiques, qui dépendent du niveau éthique de l'ensemble des citoyens. Ils ne se mesurent pas, par contre cela correspond au prix que nous sommes prêts à payer pour ces horreurs que nous commettons:
-Le fait que les clients occidentaux du pétrole (notre pays par exemple) soient obligés de subventionner des dictatures pour utiliser leur pétrole (l'exemple du gaz russe et algérien).
-Le fait que [nous] sommes obligés d'utiliser l' "intelligence" économique et diplomatique pour déstabiliser les prenneurs de décisions de ces pays, afin qu'ils acceptent de nous donner leurs marchandises à un prix raisonnable. Le fait que nous ayons besoin de matières premières africaines est l'une des causes de déstabilisation de leurs régimes démocratiques lorsqu'ils existent.
-Pour le nucléaire (à l'origine de l'électricité utilisée pour les TGVs), le fait que nous allons laisser des déchets radioactifs pendant des milliers d'années.
Là seulement, on pourra comparer le vrai prix du voyage en train au vrai prix du voyage en voiture. Idem pour l'eau, et, tiens, idem pour l'énergie ! Qui qui gagne ? Les énergies renouvelables ? Sans blague.
L'avantage de l'internalisation, c'est que cela continue de fonctionner dans une économie de marché. Mais qui doit décider du montant à internaliser ? C'est souvent l'état. Dans ses processus démocratiques il peut être trop lent ou maladroit sur la manière d'internaliser, ou sur sa résistance aux lobbys concernés; mais au moins il porte en lui l'image de la préoccupation environnementale de ses citoyens.
Libellés : Economie
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home