[Politique] Les questions que tout citoyen se pose
par pgg.au à 23:29Sarkozy vient de faire une soirée débat sur "A vous de juger", France 2, clôturée par une rencontre avec Nicolas Hulot. Suivons ses questions, qui sont un bon exercice pour tout citoyen qui cherche à s'informer...
- Sarkozy: "Que dire au citoyen qui habite dans le Finistère et qui doit faire 20km pour acheter la moindre chose ? Pourquoi lui interdire d'utiliser sa voiture ?"
- => D'abord, comment faut-il vous le dire, les hommes de la trempe d'Hulot ne sont pas dans l'interdiction, ni dans le totalitarisme. Et c'est justement en carciaturant comme ça, en "extrémisant" ce qu'Hulot n'a pas dit, que Sarkozy peut trouver matière à critiquer.
- => Ensuite, le Pacte parle de ne pas étendre les zones commerciales périphériques, et plein d'autres propositions qui n'ont rien à voir avec obliger les régions peu peuplées à se dépeupler. Le pacte propose des mesures d'Urbanisation meilleure, de développement durable.
- => Enfin, désolé, mais le mec qui vit tout seul sur son île, il le fait par ses propres moyens, il ne demande pas à l'Etat de lui fournir un emploi + la Poste + l'EDF. C'est pas humain mais c'est la vie. Le mec qui vit à la pointe du Raz aujourd'hui, il peut le faire parce que la voiture lui a permis de le faire. Il serait à pied, il n'aurait jamais entendu parler de médecine. Donc le Monde, celui qui lui a fourni la Médecine, ce même Monde lui fournira les ressources qu'il est matériellement capable de lui fournir: soit l'essence, soit des enfants, pas les deux c'est pas possible. Désolé.
- Sarkozy: "Je crois que les agriculteurs respectent l'écologie" (sous entendu: contrairement à vous, M. Hulot)
- => L'action de Hulot ne porte pas la faute sur les Agriculteurs, ni ne souhaite les rendre plus pauvres ni consiste à créer un monopole de l'Agriculture labellisée Biologique.
- => Mais on ne peut pas, sous prétexte qu'ils sont pauvres, ne pas regarder comment travaillent les agriculteurs.
- => Et notamment, l'élevage, l'agriculture intensive et industrielle a cette particularité étonnante: de très grandes quantités sont concernées, tant en surface exploitée qu'en volumes de production ! Donc chacune des décisions qui y est prise a un impact important sur la santé publique et sur l'évolution de l'environnement. Prenons-y garde, c'est tout ce qu'on demande.
- => Non, le BIO n'est pas ce qu'il faudrait systématiser. Rien ne prouve que le BIO est LA voie de la raison. Mais le Bio, c'est 5% d'exploitants qui font les choses différemment, qui maintiennent la diversité. Et qui dit diversité dit: si on se trompe, c'est pas grave, au moins on aura essayé.
- Sarkozy: "On me dit qu'il faudrait supprimer la moitié du parc nucléaire demain matin. Et que se passerait-t-il ? On comblerait le manque par du charbon et du fuel, qui sont encore plus nocifs".
- => Hulot n'a pas pu dire un truc pareil, réfléchissez un peu.
- => Le Nucléaire produit une énergie quasi-illimitée en quantités industrielles, il est à la mesure de nos enjeux.
- => Mais n'oublions pas que le Nucléaire reste industriellement dangeureux (industriellement = il peut raser une population en quelques heures et pour des décénies), nous ne pouvons donc l'exploiter que si nous maîtrisons le Zéro Défaut. Est-ce qu'un Etat, efficace comme on connait les états, impossible à corrompre bien sûr, et très au faîte des dynamiques de management du privé, est-ce qu'un Etat a la capacité théorique à produire du Zéro défaut ? Aujourd'hui, en démocratie ? Et demain, si notre régime est "bousculé" par des forces d'opposition vive, par des services secrets étrangers, etc, pourrons-nous ad vitam eternam garantir le zéro défaut ?
- => Nous restons dépendants de nos approvisionnements stratégiques, et comme à tout jeu stratégique, nous pouvons perdre. Que faire si d'autres nations nous suivent dans cette voie ? Les ressources nucléaires ne sont vraiment pas infinies.
- => Notre consommation d'énergie double tous les 30 ans. Si nous disposons du Nucléaire sans faire d'efforts, nous pourrons nous installer dans une croissance exponentielle de notre consommation, et à ce prix aucune forme d'énergie ne pourra subvenir à nos besoins. Si nous n'acceptons pas que ce que nous utilisons déjà de nos jours est largement suffisant, la pénurie de ressources énergétiques le fera de manière naturelle, mais dans la douleur.
- Sans aller jusqu'à se plonger dans une perspective d'avenir, aujourd'hui nos modes de vies (types et quantités de produits consommés, services exigés, urbanisation, mobilité...) sont émetteurs de gaz à effets de serre, c'est le premier enjeu que nous cherchons à contrôler.
- Le second, c'est que certaines économies d'échelles (=industrialisation de certains secteurs) vont de pair avec la centralisation du risque ("mettre tous ses oeufs dans le même panier").
- Et le troisième, ce n'est que mon point de vue, c'est que nos comportement individuels nous parraissent innocents, mais par effet de masse ils deviennent nocifs et, si nous ne les réfrénons pas volontairement, la physique le fera pour nous. Par exemple nos gargantuesques envies de viandes, notre consommation d'eau propre, nos déchets, etc.
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3 Comments:
A ce jour seul Bayrou s'est vraiment prononcé sur la fiscalité sur l'énergie...
By Anonyme, at vendredi 9 mars 2007 à 00:49:00 UTC+1
On peut pardonner au citoyen, mais difficilement au candidat. Et encore moins à un Président, s'il le devient.
Lire quelques passages du livre Pacte Ecologique lui aurait pris quelques heures ; s'il ne les avait pas, il avait la chance exceptionnelle de pouvoir poser ses questions directement à Hulot (ou même aux membres du Comité de Veille, cf l'article de Janco) pour se faire éclaircir les points de désaccord : en une heure seulement il aurait pu se faire une opinion et décider de ne pas signer (ou de changer d'avis), simplement.
Là il signe, puis ensuite il fait des déclarations contre le totalitarisme de l'écologie, puis contre les propositions d'Hulot.
Pourtant le Pacte Ecologique est tout sauf extrême, il détaille bien les raisons et les solutions, avec beaucoup de modération.
Dommage.
Surtout que l'UMP possède une très bonne conseillère en écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, que leur candidat aurait plutôt intérêt à écouter.
By Pio, at samedi 10 mars 2007 à 12:58:00 UTC+1
Farpaitement d'accord.
En effet, le seul à s'être foncièrement et ouvertement prononcé pour la fiscalité comme outil de régulation de ce qui pose problème est Bayrou.
Ensuite, cet entretien avec Hulot, si le fallait encore, montre à quel point le candidat principal de droite n'a pas saisi les enjeux relayés par le Pacte Ecologique.
By Vincent BRYANT, at dimanche 11 mars 2007 à 11:37:00 UTC+1
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