Discutons tard ce soir...

22 avril 2007

[Climat] Une équation résoluble

par Vincent BRYANT à 23:13

Ou comment concilier lutte contre le changement climatique et croissance économique des « nouveaux géants »* ?
* entendez par là, la Chine, l’Inde, le Brésil, etc

Vous connaissez tous les problèmes liés à cette pollution diffuse et globale qu’est l’émission anthropique de Gaz à Effet de Serre en trop grande quantité pour que la Planète puisse les « traiter » sans que cela n’entraîne des déséquilibres, entre autres climatique.

Vous savez aussi tous le bilan qu’en a dressé la communauté scientifique à la quasi-unanimité sur la nécessité de réduire ces émissions. De manière globale, l’équation est assez simple : il faut réduire les émissions de GES, et donc notre consommation énergétique et agricole (principalement d’élevage).

Ces objectifs bien formulés et acceptés de tous se sont inscrits – timidement mais inscrits tout de même – dans le protocole de Kyoto et dans son application. D’autres initiatives existent localement : l’Europe – par exemple - va plus loin avec son dernier conseil sur la politique énergétique.

Seulement, pour parvenir aux objectifs imposés par la physique, sans faire exploser le vernis démocratique et économique de nos sociétés - là où il existe - il s’agit d’y aller graduellement mais sûrement. C’est le « sûrement » qui pose véritablement problème, car il sous-entend que TOUT LE MONDE s’y mette. Et là le bas blesse.
Si certains pays se montrent pionniers en la matière, d’autres restent durablement à la traîne, entre autres les pays – que j’appellerai pour l’occasion – les « nouveaux géants ».

Comment en effet imposer à ces Etats des objectifs contraignants de réduction des GES, alors que les premières conséquences de cette pollution sont majoritairement dues aux sociétés occidentales ?

Nous aurions bon dos à tenter de convaincre ces puissances qui aspirent à « l’épanouissement économique » (au sens que nous lui donnons aujourd’hui), alors que nous avons largement émis, pollué et outrepassé nos droits « naturels » à émettre.


Comment alors les accompagner le plus rapidement possible dans une dynamique de développement - économique – vertueuse ? La question se pose indépendamment même du fait que nous soyons - nous, occidentaux – dans des comportements vertueux ou pas.

Si on exclue toute coercition non démocratique, ou par ingérence, et tout élan général de générosité humanitaire, j’entrevoie trois façons d’y parvenir :

Solution 1 : La solution « sociale-démocrate ». Nous avons largement utilisé des technologies et techniques fortement polluantes ou énergétivores pendant un siècle et demi. Il s’agit d’éviter que les puissances émergentes ne passent pas par cette étape en effectuant un saut technologique vers des modes de production/consommation plus respectueux. Pour cela, les pays occidentaux pourraient gratuitement (ou quasi-gratuitement, la gratuité ne me plaisant guère) opérer un transfert de technologies à ces pays.

Solution 2 : la solution « libérale ». D’une certaine façon, cette situation revient à gérer un processus de réformisation d’une situation non durable ou en déséquilibre : imposer une règle unique pour tous, même si cela fait des mécontents. Donc pourquoi ne pas dédommager ces pays pour le manque à gagner économique associé à la substitution de modes de production/consommation plus onéreux (autres énergies, équipements efficaces, non destruction de la forêt, etc) ?
Cette solution a été suggérée par le ministre indonésien de l'environnement, Rachmat Witoelar, dont le pays abrite 10 % des forêts tropicales mondiales. L’idée : « si l'Indonésie et le Brésil contribuent à l'alimentation de la planète en oxygène en luttant contre la déforestation, a-t-il expliqué à l'agence Reuters, pourquoi les pays riches ne les dédommageraient-ils pas du manque à gagner ainsi subi ?"

Solution 3 : la solution « ultra-libérale ». Si chaque pays occidental instaure une sorte de TVA écologique à leurs frontières (fameuse taxe Cambridge) avec un taux bas pour les produits et services vertueux et un taux élevé pour les produits et services provenant d’entreprise/de pays où les émissions sont élevées et les contraintes environnementales faibles.
L’inconvénient de cette solution est que la charge de l’investissement et de la bonne tenue des règles vertueuses revient exclusivement aux pays émergents. En gros, on les pénalise en jouant sur leurs exportations. Mais à aucun moment les pays occidentaux n’opèrent une quelconque solidarité « Nord-Sud ». C’est un simple « débrouillez-vous » pour produire propres, même si nous, nous en avons profité pendant des décennies. Au risque de créer un schisme de la mondialisation.


Vous imaginez aisément pour laquelle de ces solutions mon cœur penche. On pourrait par exemple imaginer ainsi que tout ou partie de la dette de certains pays puissent être annulée en échange d’efforts quantifiables en matière énergético-climatique.

Il ne faudrait pas pour autant tomber dans l’excès qui serait de limiter la croissance économique de ces pays en échange de revenus substantiels ne revenant qu’à certains, mais bien de chercher à limiter – voire réduire – les émissions de GES. Les pays occidentaux financeraient ainsi la vertu écologique. C’est un exemple – si en fallait encore un – de la nécessité de donner un prix aux services dispensés par la nature.

Votre avis ? ou une autre solution ?

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3 Comments:

  • Non, juste vous faire part que vos 3 solutions me semblent réalisables, à condition qu'il y ait forte mobilisation, comme d'hab

    By Blogger exeworld, at samedi 28 avril 2007 à 00:59:00 UTC+2  

  • L'ecologie ce n'est pas une equation, on ne met pas dix centrales nucléaire parce qu'on a pris le vélo le matin...

    Gabe

    www.koafaire.over-blog.com

    By Anonymous Anonyme, at samedi 28 avril 2007 à 12:20:00 UTC+2  

  • Bonjour et merci pour vos contributions.

    A Gabe, je ne sais pas quelle définition vous mettez derrière "équation", mais il m'apparaît que en effet si l'écologie - enfin ! le développement durable - en est une.

    Dans mon post c'est en revanche bien l'équation "comment motivez tout le monde" que je mettez en avant.

    Sur votre remarque nucléaire/vélo, je n'ai pas compris.

    Bien à vous,

    et encore merci de vos commentaires.

    By Blogger Vincent BRYANT, at mardi 1 mai 2007 à 11:32:00 UTC+2  

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